L’audit énergétique collectif d’un immeuble
Le FNAIM principal réseau d'agences immobilières en Frances estime que le
diagnostic de performance énergétique (DPE) corrigé qui va entrer en
vigueur le 1er juillet 2021 sera bientôt incontournable dans la vie des
Français et va influencer plus qu'il ne l'a fait jusqu'à présent la valeur du
bien immobilier à la revente. Notamment les biens classés F et G qui vont
devenir opposables à la location et à la vente à l'horizon 2028.
Correspondance entre les déperditions annuelles
(kWh/m2
et le gaz carbonique kg/m2)
Une copropriété n’est pas une entreprise mais une construction juridique.
Pour cette raison, la rénovation énergétique d’un immeuble est difficile à
mettre en œuvre. Il faut d’abord que l’ensemble des membres du conseil syndical
s’entendent sur un objectif commun et cela prend du temps pour la simple raison
qu’il faut du temps pour expliquer et se faire
comprendre parfois même beaucoup trop de temps. Cette volonté collective d’agir du Conseil Syndical est la première étape
permettant de mobiliser par la suite l’ensemble des copropriétaires au projet
d’économies d’énergie. Cette première étape franchie, une description du besoin
et des objectifs de rénovation doit être élaborée par le conseil syndical en
collaboration avec le syndic pour être en final approuvé en Assemblée Générale
des copropriétaires aux fins de réalisation. Etant donné l’urgence de la
transition énergétique le bon choix pour la copropriété semble être un audit
énergétique réglementaire (décret du 27 janvier 2012) en mode étendu mieux
à même d'assister la maîtrise d'œuvre. On ne voit pas en effet l’utilité d’un audit qui ne ferait qu’un état
des lieux sans propositions favorisants l'établissement de devis. L’expérience a montré qu’un
état des lieux ne peut valablement être réalisé que par un organisme externe
collectant préalablement toutes les informations utiles auprès des occupants en
liaison avec leur syndic. Pour remplir sa fonction de
"facilitateur" cet audit énergétique maintenant obligatoire devrait
en toute logique proposer et chiffrer les solutions se rapprochant autant que
faire se peut des besoins thermiques et des objectifs élaborés d'un
commun accord entre le conseil syndical. Le syndic se contentant d’observer
dans un premier temps avec toutefois l’obligation de communiquer les
consommations mensuelles en énergie de l’immeuble exprimées en kWh. L’idéal
pour limiter le NB d’intermédiaires serait que l’auditeur soit ce Maître
d'œuvre, l’ensemble des membres du conseil syndical se portant par un accord
commun en Maître d’ouvrage. Pour ne pas surcharger
dans un premier temps la tâche de « l’auditeur » les chiffrages pourraient être
dans un premier temps des budgets indicatifs qui seraient ensuite affinés lors
de la consultation des constructeurs par le Maître
d'œuvre en liaison avec le « responsable travaux » du syndic en
collaboration avec le Maitre d'ouvrage représenté par le CS. Dans le cas de
l’audit étendu dit aussi « architectural » il semble
raisonnable que les devis soient réels et émanent de prestataires qui pourraient être pressentis pour la réalisation. Pour supprimer ce blocage qui
dure depuis trop longtemps il semble bien qu’il soit nécessaire que «
l’auditeur » soit étroitement associé à la Maîtrise d'œuvre et
prenne ses responsabilités en ce qui
concerne le respect d’un contrat de performances raisonnable. Le choix délicat
de « l’auditeur » devra être approuvé par le conseil syndical et le
syndic. La commande de l’audit par un vote en AG. Il existe un organisme
externe de qualification de l’Ingénierie nommé l’OPQiBi ayant
pour mission de communiquer les listes « d’auditeurs » envisageables
qualifié RGE. On peut comprendre pour des raisons de déontologie du service
public que ce dernier ne puisse classer les entreprises en fonction de leur
compétence mais il est au moins demandé que le service public mette en place
l’établissement de « labels » situant les différents « auditeurs »
en fonction de leur spécialisation :
ISOLATION, GENERATION, DOMOTIQUE, VENTILATION etc…voire
ayant une expérience de l’ensemble facilitant la sélection par le conseil
syndical en liaison avec le syndic. Quoiqu’on en dise cette décision assez
lourde ne pourra visiblement être associée au Préfet au titre de son PREH. Il ressort de ce qui précède que « l’auditeur » devrait être un Ingénieur
expérimenté diplômé́ en thermique et en génie climatique. Son rôle pourrait être de se borner à faire l’étude des solutions proposées par l’AG et à les chiffrer budgétairement. Il est souhaitable qu’en cas d’audit étendu ou architectural l’établissement de devis émanant des prestataires pouvant être pressentis pour la réalisation
soient réalisés. L’assemblée générale des copropriétaires qui voit la facture
de l’audit énergétique collectif ÉTENDU augmenter peut aussi utilement demander
que soit incluse dans le devis de l’auditeur une étude élaborant le mode de
financement incluant le PTZ en liaison avec l’élaboration d’un contrat de
performance incorporant éventuellement les aides fiscales. Ces aides fiscales,
telles que le CEE où le crédit d’impôt à ce point faibles par leur montant
justifie à peine que l’auditeur se donne la peine de faire le calcul. Pour que
les choses se fassent correctement il semble difficile que l’auditeur soit
missionné par contrat pour fournir ces informations. La confiance joue dans la
pratique un rôle important dans le choix et c’est seulement ensuite que l’on
s’aperçoit qu’il n’a pas les connaissances lui permettant de fournir ces
informations. Pour pouvoir bénéficier d’une aide fiscale conséquente, la
rénovation thermique d’un immeuble ou d’un groupe d’immeuble ne peut être menée
à son terme que si elle s’appuie sur les 3 piliers de la
rénovation : l’ISOLATION, la GENERATION et la
VENTILATION. La valorisation du PATRIMOINE et les aides fiscales sont
deux raisons importantes qui peuvent fédérer la décision de l'ensemble des
copropriétaires. Le problème est que pour traiter ces 3 postes il faut du temps
et de l’argent puisque dans cette opération ce sont les copropriétaires qui financent en définitive l'investissement. Etant donné
la situation économique actuelle, l’assemblée des copropriétaires a le plus
souvent une vision à court terme et ne vote l’investissement que si elle a une
vision claire de la rentabilité de sa dépense. Elle se méfie des avantages à
long terme et elle s’inquiète à l’idée que l’investissement de départ n’affecte
son pouvoir d'achat, ne serait-ce que temporairement. Le drame de la situation de blocage actuelle
est que personne ne leur a pour l'instant clairement expliqué, chiffres à
l'appui, les avantages financiers que chacun d’entre nous pourrait retirer
d'une rénovation énergétique bien
conduite englobant une génération thermique collective moderne associée ou
suivi d’une amélioration de l’isolation et de la ventilation, voire de la
domotique. L’autre drame de cette situation
de blocage est que les différents organismes et acteurs plus ou moins proches
de cette rénovation énergétique n’ont
pas fait jouer la fibre citoyenne des copropriétaires en leur expliquant
clairement les avantages financiers que la France - et indirectement eux-mêmes
- peuvent retirer de la diminution de la consommation en énergie primaire (EP). À noter également qu’il est
difficile pour un syndic et encore plus difficile pour un conseil syndical de
savoir parmi toutes les sociétés qui se disent expérimentées et spécialisées
celles qui sauront faire une analyse globale valable de la rénovation énergétique de leur bâtiment. Ces blocages sont d’autant
plus dommageables qu’une rénovation
énergétique bien conduite techniquement et financièrement s’appuyant sur
les 3 piliers que constituent la GENERATION
et l’ISOLATION voire la VENTILATION pourrait n’affecter que très
peu le pouvoir d'achat des copropriétaires, si ce n’est une petite
participation bien naturelle associée à la valorisation du patrimoine. Il
faudrait pour cela que l’état ait une vision claire de ce que devra être dans
un proche avenir le prix de vente à l’utilisateur du kWh et ceci qu’il soit électrique ou fossile (du gaz ou
fioul). Exemple d’audit étendu
L’aspect financier
Personne n’a
véritablement informé l’utilisateur que le domaine de la finance, pour implacable
qu'il soit, n’est pas aussi obtus qu’on veut bien le dire dès lors que celui
qui prête est assuré de rentrer dans ses fonds dans des périodes raisonnables
n’excédant pas une dizaine d’années. Dès lors également qu’un plan de
financement bien conçu et défini au titre d’un « audit thermique étendu » comprend la mise en place d’un PTZ
associée ou non à de petites aides fiscales définies par le Maître d’œuvre. En
tout état de cause c’est surtout les économies réalisées sur l’achat des
combustibles par rapport à l’état antérieur plus que les aides fiscales qui
permettront au syndicat des
copropriétaires de rembourser l’emprunt qu’il a dû contracter pour financer
l’investissement non subventionnée. Il est souhaitable que cela se fasse en
moins de 10 ans. La notion de temps de retour sur investissement (RSI) aussi
appelé ROI (return on investment) d'une rénovation
énergétique est importante. Elle conditionne en effet la durée du prêt
servant à financer la partie de l'investissement initial non subventionnée.
Ceci de telle sorte que les fournisseurs soient payés pour la totalité de leur
prestation selon les modalités prévues dans le contrat de performances qu’ils
ont signé avec le Maître d’œuvre. Ceci aussi sans que le pouvoir d’achat de
ceux qui consentent à l’investissement soit peut modifié
pendant cette période préliminaire. Il est difficile, voire impossible
d'obtenir un retour sur investissement intéressant si l'on procède seulement à
l'isolation. Certes « l'énergie la
moins chère est celle que l'on ne consomme pas » mais lorsque la rénovation énergétique ne comprend que
l'isolation force est de constater que le ROI
en prend un coup. Si l’on se limite par exemple à une amélioration de
l’isolation en remplaçant les fenêtres simple vitrage par des doubles vitrages,
les prix pratiqués actuellement en France (500 à 600 voire même 800 € en
coulissant aluminium le m² posé) conduisent la copropriété à des retours
économiques qui se chiffre en nombreuses décennies. Cet état de fait entraine
un RSI jugé la plupart du temps inacceptable par le syndicat des
copropriétaires. Dans le cas où l’on envisage une isolation complète incluant
non seulement les fenêtres mais aussi les cloisons opaques du bâti,
l’investissement ne peut conduire à une économie d’énergie primaire importante,
disons 50% que si l’immeuble ne comprend pas de façades avec balcons. Si l’on
est malheureusement dans ce cas avec la moitié des façades balconnées,
il peut se faire que devant investir plus de 2€ par KWh économisée annuellement
on soit conduit avec un prix de l'énergie primaire à 0,1€/KWh à un RSI de
l’ordre de 20 ans qui soit jugée inacceptable par les banques et le syndicat
des copropriétaires.
A tel point que
dans certaines configurations une copropriété peut légitimement s'interroger
sur le bienfondé de mettre en quelques sorte la charrue avant les bœufs en
prévoyant la génération avant l'isolation. Ce scénario inhabituel est
pourtant parfaitement envisageable et a été retenu dans le tableau ci-dessous.
L’état antérieur est la chaufferie fioul du « cas pratique »
Pour compréhension
tableau voir : page 445 (on réalise en 2 temps ou
non) page
576 (Le
principe de la chaufferie hybride) |
Cas 1 |
Cas 2 |
Mode de chauffage (avec ECS) |
Combustion gaz seul |
Gaz + EnR l |
Montant total investissement
€ (avec équilibrage) |
210 000 |
510 000 |
Économie
en approvisionnement d’énergie primaire €/an |
20 000 (rendement) |
71 200 (COP 5) |
Aides fiscales € Cas 1 CEE, Cas 2 FCR (30% de la PAC) |
10 000 (5%) |
90 000 (30%) |
Emprunt à la banque € |
200 000 |
420 000 |
Durée de l’emprunt (années) |
5 |
6 |
Remboursement mensuel €/lot
(Base taux 0%) |
49 |
86 |
Pouvoir
d’achat pendant le remboursement de l’emprunt |
Diminué de 25€/mois |
inchangé |
Amélioration
annuelle du pouvoir d’achat |
25 |
1032 |
Gain
annuel en CO2 (tonnes) (Voir page 87) |
224 |
406 |
Emission
gaz à effet de serre sur 20 ans en tonnes de CO2 |
5448 t en moins |
7883 t en - |
Energie
primaire consommée (gaz ou électricité) exprimée en % du besoin thermique |
Totalité 100% |
38% |
Le tableau
ci-dessous résume dans ces conditions les conséquences financières pour une copropriété de 68
lots, de 5000 m² SHON avec parties communes chauffées dont la consommation en
fioul initiale annuelle est de 100 m3 de FOD avec un coût de l’énergie primaire
à 0,1€ le KWh. Le calcul pour la chaufferie hybride est fait avec un COP moyen
de 5 et un chauffage thermodynamique exploitant les énergies renouvelables sur
l’eau.
Le calcul est effectué à partir des hypothèses suivantes
- Les lots ont tous la même surface habitable
- Un rendement chaudière gaz à condensation amélioré de 20% par rapport à
la chaudière fioul
- Un prix de l’énergie finale au kWh à
l’utilisateur équilibré égal au prix du fioul à savoir 10 cts le kWh restant
inchangé pendant le remboursement des emprunts ceci qu’il s’agisse du gaz ou de
l’électricité
- Des frais de maintenance deux fois plus important pour le cas 2
- Une aide fiscale conséquente basée sur le fond chaleur renouvelable dans
le cas 2 (Voir page 297)
1.
Dans le premier cas, celui
de la combustion, les économies
réalisées annuellement par la collectivité du fait de l’amélioration du
rendement de la chaudière et la diminution de la génération en CO2
de 224 tonnes par rapport au fioul (Voir page 87) peuvent peut s’évaluer sur
la base d’un coût de réduction de 60 €/tonne.
2.
Dans le deuxième cas, celui du chauffage
thermodynamique, le COP global annuel qui peut atteindre des valeurs
proches de 6 avec une isolation préalable de
l’immeuble a été limité à un COP moyen de 5 qui peut être maintenant obtenu sur la
plupart des installations de pompe à chaleur sur nappe libre pour peu que la
température maximum requise dans les radiateurs soit celle évoquée dans le
« cas pratique ». Les économies réalisées annuellement par la
collectivité dans ce cas sont sensiblement équivalente à l’aide fiscale de
90 000€ délivrée au titre du fond chaleur renouvelable. L’aide fiscale
semble importante mais il n’y rien de choquant à ce qu’il en soit ainsi. Il est
bien légitime que l’énergie profite à ceux qui font l’effort de la comprendre en protégeant mieux
notre environnement.
Le patrimoine immobilier
Les prix dans l’immobilier ont atteint un tel niveau que
le coût de la rénovation énergétique en
tant qu’investissement initial représente bien peu comparativement à la valeur
du bien. Si l’on considère la valeur d’un appartement de 100 m² en région
parisienne à 6000 €/m² soit environ 600 000 €, la somme que devrait
investir son propriétaire pour remplacer une vieille chaufferie au fioul par
une chaufferie hybride gaz électricité moderne incluant un complément EnR est faible en valeur relative
puisqu’elle ne représente sensiblement que 2 % de la valeur du patrimoine. Mais
le problème n’est pas là, il est dans le fait que les caisses sont presque
vides. Les 10 000€ qui sont nécessaire pour assurer l’audit thermique collectif
obligatoire de leur immeuble pourrait être pris en charge par l’état puisqu’il
a rendu cet audit thermique obligatoire fin 2017. Il y a visiblement une
différence de point de vue entre l’état qui a la volonté d’avancer en « imposant » et le syndicat
des copropriétaires qui se demande s’il a intérêt à prendre en compte la notion
de « valeur verte » pour
la revente éventuelle de son bien immobilier. Ce syndicat estime que
dans la pratique l’état devrait à minima prendre en charge la moitié des frais
de l’audit. Cette notion de « valeur verte » n’est d’ailleurs que
relative. Les prix de l’immobilier dans l’ancien qui ont un peu baissés les
trois premiers mois de 2014 repartent en effet à la hausse alors que rien n’a
véritablement été fait pour verdir la génération thermique dans les immeubles.
Le syndicat des copropriétaires se
trouve donc coincé entre la difficulté de financer un investissement qui est
loin d’être négligeable compte tenu de la crise économique actuelle et son
souhait de remettre son bien à niveau de telle sorte qu’il se dévalue moins.
Investir
ou non
Il est donc légitime que le syndicat des copropriétaires s’intéresse de près au retour de sa
dépense. Cependant, habitués à la combustion ou au chauffage électrique par
effet Joule et ancré dans ces solutions, les copropriétaires ne perçoivent pas
bien les inconvénients liés à ces modes de chauffage et aux coûts importants qu’ils
induisent en approvisionnement d’énergie primaire (EP). Ceci pour la raison
qu’aucun acteur de la rénovation
énergétique ne leur a encore véritablement expliqué comment, à confort
égal, leur portefeuille pouvait bénéficier d’une réduction significative de la
consommation de cette forme d’énergie extrêmement onéreuse. Personne ne les a
encore informés que l'argent qu'ils empruntent pour financer la rénovation énergétique de leur immeuble
peut être remboursé par les économies réalisées du fait de la diminution du
besoin en énergie primaire. Légitimement préoccupés par leur pouvoir d'achat,
il devient important que les copropriétaires aient une vision plus claire du
retour sur investissement de la rénovation
énergétique de leur immeuble. Il est important qu'ils prennent dès à
présent conscience que les économies réalisées en raison d'une consommation en
énergie primaire moindre sont dès à présent telles que ces économies suffisent
pour rembourser le prêt ayant servi à financer l'investissement de départ préservant
ainsi leur pouvoir d'achat. Et ceci dans des temps raisonnables qu’il est
possible de raccourcir par une aide fiscale. Ceci de telle sorte que leur
pouvoir d’achat se soit enfin véritablement amélioré au-delà de la période de
remboursement de l’emprunt.
La
génération thermique
Le raisonnement tenu ci-dessus concernant le montage
financier d’une rénovation thermique moderne est parfaitement recevable et devrait
se généraliser dans la pratique. Certains particuliers commencent à confier
uniquement à la génération ENR
l’ensemble de leur besoin thermique lorsque cela concerne leur maison
d’habitation principale (Voir pages 332 et 335).
Il n’en est pas de même des copropriétés, leur frilosité
et leur souhait d’assurer la pérennité de leur système de chauffage est telle
qu’il est peu probable qu’ils confient ce dispositif de chauffage uniquement à
une génération ENR comme cela
commence à se pratiquer dans l’individuel. Les chaufferies collectives modernes
associeront donc dans un premier temps les chaudières à condensation gaz et les
pompes à chaleur de nouvelle génération. Le poste chaudière sera donc
nécessairement mis en place préalablement même si cette partie ne sert que de
secours au dispositif de chauffage. D’autres raisons justifient ce scénario.
Les chaufferies « mixtes » de ce type seront par la suite capables de
répondre à un besoin thermique plus faible lorsque l’isolation, temporairement
reportée pour des raisons budgétaires, sera effectuée. Ceci sans que les performances
ne soient affectées et en tout cas mieux que ne pouvaient le faire les
anciennes chaufferies fonctionnant en tout ou rien. Il est donc ainsi tout à
fait envisageable d’échelonner les dépenses. La modernisation d’anciennes
chaudières au fioul vers une chaufferie au gaz naturel équipée de chaudières à
condensation évoluant par la suite vers les EnR est parfaitement envisageable
si l’on ménage en chaufferie l’espace disponible permettant de prévoir
ultérieurement ce complément. La copropriété guidée par le Maître d’ouvrage
peut légitimement considérer qu’il est préférable pour elle de différer
l’isolation du bâti après la génération afin de satisfaire un problème de
financement avec la banque et son souhait de ne pas trop affecter le pouvoir
d’achat des copropriétaires. Si l’on se trouve dans ce cas de figure et que
l’on se fixe comme objectif du poste isolation une réduction ultérieure de 30%
des déperditions, la génération sera alors surdimensionnée de la même valeur
après achèvement de l’isolation. Il faut savoir que cela ne nuit en aucun cas à
son fonctionnement. La plage de puissance d’une chaudière gaz moderne allant de
20 à 100 % de sa puissance nominale et la variation de débit du fluide
caloporteur fait que la chaufferie continuera à fonctionner dans des conditions
parfaitement acceptables. Les pompes à chaleur utilisant les nouvelles
techniques dites à « inverter » (Voir comment satisfaire le besoin thermique avec une
pompe à chaleur moderne) sont tolérantes à ce niveau. Le poste
isolation restera certes très important puisque selon la formule consacrée « l’énergie la moins chère est celle
que l’on ne consomme pas » mais il convient de rassurer ceux qui
craignent de mettre la charrue avant les bœufs en différant l’isolation. Ceci
en leur expliquant que la copropriété a plutôt intérêt à considérer que « l'énergie la plus chère est celle que
l’on consomme mal ». Il est en effet important d'être sobre mais cette
sobriété ne signifie pas pour autant qu'il faut se priver. Dans la mesure où
l’on peut devenir sobre sans affecter son confort en améliorant son pouvoir
d’achat assez rapidement en agissant sur le poste génération la copropriété ne
comprend pas pourquoi on voudrait lui imposer une priorité dans les
investissements qui affecte trop sa finance. Il devient urgent de réaliser
qu’il est maintenant possible à confort thermique égal de consommer moins
d'énergie primaire (gaz ou électricité) avec les GENERATIONS modernes.
À
ce sujet, les copropriétaires et leur syndic doivent prendre en considération :
1.
Qu’en équilibrant le prix des énergies finales gaz et électricité la
douloureuse de fin de mois est divisée par 3 avec une pompe à chaleur ayant un
COP modeste de 3 vu que l’on consomme 3 fois moins d’énergie pour se chauffer.
2.
Que cette diminution des frais d’exploitation de la chaufferie permet de
réduire le temps de retour économique. Ceci bien évidemment à condition que
cette rénovation énergétique soit
conduite par un professionnel expérimenté
3.
Qu’ils ne doivent donner leur accord pour la rénovation énergétique que s’ils sont convaincus que celle-ci sera
bien conduite et inclura un « audit
énergétique collectif » préalable associant une étude financière et
une garantie sur les performances.
4.
Que ce temps de retour économique est tributaire du prix de l’énergie
finale et des techniques de maîtrise de la performance.
5.
Qu’ils ne doivent pas tomber dans le panneau de la réduction temporaire des
prix de l’EP suite à la chute brutale du Brent.
En tant qu’investisseurs responsables, il est bien
légitime que le syndicat des copropriétaires, premier acteur et Maître d’œuvre
de la rénovation énergétique
cherchent à réduire ce temps. Ils considèrent que les pouvoirs publics n’ont
pas trouvés la voie permettant d’y parvenir. Reste qu’il est essentiel qu'un
minimum de confiance et de partenariat s'établisse entre eux et les
responsables des services publics. Sans ce minimum de confiance rien n'est
possible.
La
formation et l’action de l’État
Les responsables
du secteur des bâtiments et travaux publics (BTP), la fédération française du bâtiment (FFB), EDF, L’association
Technique Energie environnement (ATEE)
et l’Ademe ont paraphé début 2014 en présence de la ministre de l'Ecologie un document qui
engage les acteurs du bâtiment dans la voie de la rénovation énergétique. Il
s’agit du dispositif « FeeBat » dont l’enjeu
est d’assurer la formation de 25.000 professionnels
chaque année cette formation étant associé à une relance de l'apprentissage
dans le bâtiment. Il était temps pour ne pas dire trop tard. En effet la mise
en application du principe qui vise à conditionner les aides financières aux
ménages qui auront choisi des entreprises employant des professionnels « labellisé RGE » pour faire
réaliser leurs travaux d'économie d'énergie, ce que l’on appelle l’éco conditionnalité, devait entrer en
vigueur mi 2014 ! Quand on voit les
prix qui sont pratiqués et le temps nécessaire pour assurer une formation
sérieuse on peut s’inquiéter que les professionnels n’aient eu ni les moyens ni
le temps libre pour assurer leur formation en amont comme elle aurait dû
l’être. Vu l’urgence, une structure de formation accélérée vient d’être mise en
place avec un texte paru au journal officiel de la république (JORF n°0298 du
26 décembre 2014). Ce qui surprends est la brièveté de cette nouvelle formation
qui s’échelonne entre 2 et 10h suivant la chaîne énergétique envisagée (Bois,
solaire, géothermie…) Selon Batiactu
la création de cette nouvelle structure résulte d’une prise de conscience de la
ministre de l'Ecologie faisant suite à l’enquête alarmante réalisée par les
associations de consommateur et la nécessité de valider le texte d’un décret à
envoyer sans attendre aux fédérations du bâtiment afin d’assurer la liaison
avec l’éco conditionnalité. Sur les 62 000 entreprises RGE recensées en
France, un peu moins de 1% d'entre elle ont été contrôlé en 2019 par la DGCCRF
(469 établissements). Le fait que selon Batiactu 69% de ces entreprises
contrôlées en anomalie soient qualifiés RGE est inquiétant mais relève
assurément plus d’un manque de formation que de mauvaise volonté
La
réalité et les associations de consommateurs
Cette
demande est toutefois bien tardive et l’on peut légitimement s’inquiéter du
niveau de compétence de ces professionnels
baptisés « expert en énergie » sur les chaînes de télévisions. Il ressort en effet d’une enquête
réalisée débuts 2014 auprès de 54 professionnels par UFC que choisir pour évaluer la performance énergétique de cinq
maisons situées dans différentes régions parisiennes, que l’analyse des
recommandations de travaux avec demande de devis faite par un expert
indépendant missionné par eux a révélé que sur cette cinquantaine de
professionnels consultés seuls 23 ont adressé des recommandations écrites.
Parmi ceux-ci, un seul a proposé des travaux sur les trois critères en matière
de rénovation énergétique à savoir : l’enveloppe
du bâtiment, la ventilation, et la production de chaleur. Cet expert a
constaté que l’absence d’approche globale était particulièrement criante chez
les partenaires EDF et GDF Suez qui ne propose que les systèmes de production
de chaleur sans intervenir sur le bâti ou la ventilation. C’est en tout cas
fort de ce constat que cette association UFC recommande elle aussi la promotion
d’une véritable filière d’experts indépendants capables de coordonner les
travaux et d’accompagner le consommateur tout au long de sa démarche de
rénovation énergétique. C’est donc pour cette raison et dans l’espoir d’y
parvenir que le gouvernement a décidé, afin de s’assurer de la qualité des
travaux réalisés, de conditionner dès la fin du premier semestre 2014 l’aide
publique au recours à des professionnels du bâtiment « reconnu garant de l’environnement (RGE) ». Désormais,
les copropriétés souhaitant bénéficier d’aides financières pour des travaux
d’économie d’énergie doivent avoir recours à un professionnel labellisé RGE. La certification RGE deviendrait un signe de qualité
permettant d’identifier un professionnel qualifié en matière de travaux de
rénovation énergétique. Le bénéfice du crédit d’impôt développement durable
(CIDD) et l’octroi d’un prêt à taux zéro ou autres aides fiscales étant
conditionné à la réalisation des travaux par des entreprises ou des artisans
certifiés RGE. Pour être labellisé RGE, le professionnel du bâtiment devant
remplir plusieurs conditions :
1.
employer un responsable technique formé
RGE,
2.
faire appel à des sous-traitants certifiés RGE,
3.
réaliser au minimum un chantier
annuellement dans l’activité labellisée RGE.
Dans la mesure où l’on souhaite mettre en place une aide
publique adaptée à l’amélioration de la performance, il est logique que les
critères d’évaluation de cette amélioration soient connus et quantifiés. Tant
que cela ne sera pas le cas, il sera illusoire de prétendre mettre en place une
refonte valable du système d’aide qui dans l’état est considéré par beaucoup
comme représentant un « vrai
gaspillage ». Le problème est que ces questions qui auraient dû être
examinées très en amont deviennent maintenant d’une brûlante actualité vu la
nécessité d’introduire la notion de contrat de performance. On conçoit l’importance de ces problèmes au
moment où le Maître d’ouvrage en tant qu’investisseur responsable demande que
les devis* soient établis de telle sorte qu’ils incorporent la notion de RIS
associé à un montage financier et à un PTZ plus qu’à une aide fiscale.
Tribune libre *Ce type de devis, qui pourrait
selon les Lutins thermiques débloquer la situation, ne pourra être établi que
lorsque les professionnels « labellisé RGE » seront capables de
s’engager sur un contrat de performances au travers d’une garantie de l’état
en cas de non-respect : Responsabilité qui pourrait en quelque sorte
retomber sur le Préfet et son personnel au travers du PREH. Les Lutins thermiques estiment aussi que l’on ne peut reprocher à des organismes tels qu’EDF ou GDF
Suez, qui sont avant tout des fournisseurs de fluides et d’énergie finale de
ne pas intervenir sur l’isolation du bâti ou la mise en œuvre de la
ventilation. Voire même de ne rien proposer pour la modernisation du
dispositif de production de chaleur. Ce que l’on pourrait par contre leur
reprocher est de ne pas toujours quantifier clairement quelle est la
répartition des quantités d’énergie réellement consommées mensuellement en kW
afin de mieux évaluer la part qui revient au chauffage et au sanitaire. Balendard qui a beaucoup de soucis pour faire admettre
son point de vue sur cette répartition dans les anciennes chaufferies estime
aussi que les fournisseurs de fluide pourraient dans certains cas fournir des
compteurs mieux étalonnés et les syndics délivrer des pièces comptables
analytiques et facilement accessibles. |