Le
comptage privatif de l’énergie thermique
Un arrêté français paru au journal
officiel début 2012* et confirmé en 2016 introduit des règles
d’individualisation des charges chauffage en collectif. Ceci de telle sorte que
dans les immeubles collectifs à usage d’habitation la répartition des frais de
chauffage soit fonction de la consommation de chaque logement avec l’idée que
chacun d’entre nous ne paye que ce qu’il consomme. Il s’agit en pratique d’une
« fausse bonne idée ». Ceci pour la simple raison que l’énergie
thermique circule librement entre les appartements et que dans l’audit
thermique obligatoire des immeubles l’orientation est maintenant donnée à juste
titre vers l’isolation extérieure. Il peut sembler légitime qu'un acheteur s'offusque lorsque
les agences immobilières n'appliquent pas la loi et n'affichent pas les
étiquettes des diagnostic de performance énergétique (DPE) dans leurs belles
vitrines. Si cela est justifié lorsqu’il s'agit de la vente d'une maison cela
est différent dans le cas d'un appartement existant incorporé dans un immeuble
régi par un syndic. Ce dernier a certes une vision claire de ce que consomme
cet immeuble en énergie au travers des factures qu'il doit régler au
fournisseur d'énergie fossile dans le cas d'un chauffage collectif du type
chaudière et il lui appartient pour cette raison de jouer le jeu en
communiquant à l'agent immobilier cette consommation. Toutefois, le problème
qui se pose pour l'agent immobilier lorsqu'il s'agit non pas de la vente d'une
maison individuelle mais d'un appartement est le fait que l'évaluation des
déperditions et de ce que vont être les déperditions thermiques de cet
appartement est plus complexe. Cela étant donné qu'un appartement à double
exposition par exemple a deux fois plus de déperditions qu'un appartement à
simple exposition. Ceci aussi étant donné que les appartements situés au
dernier étage ou au rez-de-chaussée sont nettement plus déperditifs que ceux
situés aux étages intermédiaires. Pour ne pas trop compliquer le dispositif, il
appartient à l'acheteur de prendre conscience de cet état de fait. Ceci en
achetant préférentiellement un appartement à une seule exposition situé aux
étages intermédiaires chauffé par les voisins du dessous, du dessus, et par les
voisins contigus situés au même étage. Cette remarque
étant particulièrement valable dans le cas du chauffage électrique par
radiateur vu sa piètre performance et le coût actuel très élevé du kWh
électrique. On
comprend au travers de ce qui précède que le décret d'individualisation des
frais de chauffage basé sur le fait que chacun doit payer ce qu'il consomme est
une douce utopie s'il s'agit d'un immeuble équipé d'un chauffage collectif par
chaudière. Et ceci même si l’équilibrage hydraulique du chauffage collectif est
réalisé comme
il devrait l’être
Les
coups de gueule des Lutins Balendard citoyen lambda et en même temps
conseiller syndical dans quelques copropriétés s’est d’ailleurs déjà trouvé
confronté à la dure réalité du terrain dans l’application de cette mesure. Balendard Les
LT Les occupants de l’appartement du 2ème étage ont
raison de se plaindre. Si les planchers en béton sont bien utiles pour le
cycle de nuit du fait de leur inertie thermique un de leur principal défaut
est d’être de véritable passoire thermique. Il faudrait pour que ces couteux
dispositifs de comptage soient recevables que l’isolation des appartements
soit réalisée par l’intérieur, les planchers étant compris dans cette
isolation. Ce qui est réalisable dans le neuf ne l’est assurément pas dans
l’ancien. Et ceci particulièrement en zone urbaine où l’espace est compté.
Mais parlez-moi de ces autres groupes d’immeubles équipés d’un chauffage
collectif avec radiateur ou plancher chauffant hydrauliques et dont vous avez
la charge. Vous semblez dire que l’application de cette règle est parfois
inenvisageable ? *Décret 2012-545 Balendard La
conclusion et la proposition des LT Oui effectivement et d’ailleurs le fait de savoir s’ils sont
raccordés en // ou en série ne change rien à l’affaire. Vous avez
raison, cette réglementation qui impose ces règles d’individualisation des
charges chauffage en collectif est trop souvent techniquement inenvisageable.
Elle satisfait peut-être certains égoïsmes individuels mais sa mise en œuvre
est inutilement complexe et couteuse si l’on cherche une précision qui n’a
pas lieu d’être. Dans l’ancien isolé « collectivement » au niveau
du bâti ce comptage individuel ne présente aucun intérêt dans la mesure où il
accroit les injustices sociales. Mais vous avez parlé de groupe d’immeubles
et il y a un cas où cette mesure pourrait présenter un intérêt : Celui
où les immeubles étant alimentés par une seule et même chaufferie la copropriété
pourrait décider « d’individualiser » la consommation de chacun des
bâtiments ceux-ci pouvant à juste titre exiger une comptabilité distincte
(Logements d’habitation associée à une école ou à une société). Dans ce cas
les méthodes de comptage et de facturation de l’énergie utilisées pour le
chauffage urbain est parfaitement au point. Pour résumer je voudrais vous
dire que s’il est parfois indispensable de compter l’énergie : Par
exemple compter l’énergie électrique servant à alimenter le compresseur d’une
pompe à chaleur pour vérifier ses performances, il est d’autres cas où le
législateur devrait être plus proche de la réalité du terrain afin d’éviter
les conflits que risque d’engendrer une réglementation inutile et source
d’injustice sociale. Les bonnes politiques peuvent être les instruments
décisifs du changement, les mauvaises sourcent d’immobilisme et de problèmes.
Quand l’on tente sans y parvenir véritablement d’affiner le comptage d’une
eau chaude sanitaire délivrée dans les appartements dont le prix de revient
est à 40 € le m3 voire 50 avec des décrets d’application et des appareillages
couteux à l’usage, on ferait probablement mieux de se consacrer à la mise en
place des solutions techniques qui abaissent ce prix de revient de cette eau
chaude à 12 €. Mais laissons de côté pour l’instant le comptage du prix
de l’eau chaude sanitaire. Il y aurait
dans le cadre de l'individualisation des frais de chauffage une méthode
simple qui permettrait de rétablir un minimum d'équité vis à vis de ceux qui
sont passés au double vitrage. Celle consistant à faire payer par ceux qui
sont restés en simple vitrage au syndicat des copropriétaires et via le
syndic un dédommagement correspondant à l'énergie dissipée cette fois vers
l'extérieur et non vers le voisin. Cette énergie étant cette fois
véritablement de l'énergie inutilement consommée par la collectivité et payée
par elle, il semble bien normale que le "retardataire"
participe aux frais. L'argent ainsi récolté annuellement servirait à
alimenter petit à petit un fond travaux. Ce juste dédommagement est, compte
tenu du prix du kWh thermique, facile à calculer à partir des DJU et des
déperditions comparatives entre un simple et un double vitrage. (Le passage
au double vitrage fait gagner 4 wattheure/m² et °C). Tout calcul fait le
dédommagement annuel serait voisin de 10 €/m2 de vitrage non traité en
zone H1a. Ceci compte tenu des quelque 200 kWh dissipés en plus par m² de
simple vitrage pendant une période de chauffe de 5000h avec un prix de
l'énergie gaz à 5 cts le kWh. (un DJU de 2200°C avec 220 jours de période de
chauffe correspond à un ∆T moyen de 10°C). A charge pour le législateur
de quantifier ce dédommagement selon la zone climatique dans laquelle se
trouve l'immeuble. Cette façon de procéder plus équitable et facilement
chiffrable indépendamment du type d'émetteur thermique et de la solution
retenue pour le chauffage de l’immeuble ne pourrait plus être sujette à
dérogation pour impossibilité technique comme cela est trop souvent le
cas avec celle instituée actuellement faute de réalisme par le
législateur. Purement comptable, elle soulagerait le travail du syndic et
permettrait de surmonter la difficulté qu'il y a à quantifier avec précision
la puissance réellement émise par un émetteur thermique. Quoiqu’il en soit je
vous félicite d’avoir tenté d’individualiser les frais de chauffage
dans votre immeuble mais au travers de ce qui se passe dans
celui-ci sur le plan interne je pense que votre souhait de vous orienter vers
les ENR est de loin la meilleure solution |
Les Lutins thermiques avaient pronostiqué longtemps à
l’avance que cela allait faire boule de
neige même une revue comme Chaud Froid Performance
(CFP) qui généralement rapporte sans militer prend position
à ce sujet. Ce qui suit cconforte ce qui précède selon le mode de chauffage
dans l’immeuble.
Avec les modes de chauffage collectifs conventionnels
Le
chauffage collectif et les tantièmes fixes : Un système discutable (voire inadapté)
imaginé par les pouvoir publics. Supposons que :
- L'immeuble consomme Q
kWh et que la dépense correspondante est D €
- Je suis un Copropriétaire
ayant 2 % des tantièmes.
Selon mon comportement personnel :
1. J’essaye d’être plus économe que mes
voisins. Par exemple, j’ai remplacé mes anciennes fenêtres à simple vitrage par
des doubles vitrages et je ferme le radiateur de la chambre quitte à ajouter
une couverture la nuit pour dormir. Je réduis ainsi la dépense de l'immeuble de
X
€.
Je ne bénéficie que de
2 % de l'économie réalisée
2.
Je suis négligent, j’ouvre mes fenêtres en hiver pour ventiler mon
appartement en oubliant de fermer mes volets roulant la nuit pendant l’hiver
alors que j’impose une température de 23 °C dans mon appartement. J’augmente la
dépense de l’immeuble de X €.
Je ne supporte que 2 %
du gaspillage.
Le résultat est clair :
l’ignorance, l’égoïsme, la négligence ou l’imprévoyance de l’individu augmente
les charges globales de la copropriété
Avec
le chauffage individuel
1.
J’ai la chance de posséder un appartement situé dans un étage
intermédiaire orienté côté sud avec double vitrage et des voisins aux étages
supérieurs et inférieurs ainsi que sur la périphérie occupant perpétuellement
leur logement et ne s’absentant qu’au mois d’aout pour les vacances d’été. Bénéficiant de cet environnement favorable
mes radiateurs électriques sont pratiquement toujours éteints (ou ma chaudière
individuelle à gaz à l’arrêt).
Ma dépense chauffage est très faible.
2. J’ai la malchance de louer un
appartement de surface comparable mais orienté vers le nord équipé de simple
vitrage avec des voisins aux étages supérieures et inférieure ainsi que sur la
périphérie souvent absent et coupant leur chauffage individuel pendant leur
absence.
Ma dépense chauffage est très importante.
Le résultat est clair : le système est par nature injuste. Bien que l’on ne dépense que ce que
l’on consomme, ce qui de prime abord semble juste, une copropriété avec
chauffage individuel peut engendrer en réalité des injustices importantes
fonction des circonstances, de son environnement immédiat ainsi que du mode
d’occupation
Avec un chauffage collectif par PAC aquathermique
Pour tirer avantage de l’implantation
éventuelle d’une pompe à chaleur aquathermique dédiée
au chauffage collectif dans un immeuble neuf ou ancien à usage d’habitation et
réaliser des économies conséquentes, il est nécessaire de se plier à certaines
règles lors de la conception du
système ainsi que pendant son utilisation.
Son utilisation ne peut être valable que si la notion de "partie
privative" est bannie du vocabulaire et s'efface devant l'intérêt de la
collectivité. La preuve en est le meilleur résultat
obtenu sur les HLM comparativement aux copropriétés en termes de déperdition
thermique. Gérés collégialement avec une plus grande centralisation de
l'exécutif, la décision de poser des doubles vitrages, 1ère étape pratiquement
incontournable du processus de modernisation est prise plus facilement. En
Allemagne les fenêtres et porte fenêtres sont gérées comme un bien commun, seul
leur entretien étant considéré comme privatif ce qui facilite la mise en œuvre
de telles systèmes dans les copropriétés.
1
Conception
Contrairement aux chaudières à gaz, au
fioul ou au bois, qui peuvent être surdimensionnées sans conséquence grave si
ce n’est un rendement sensiblement dégradé source de dépense inutiles, la pompe
à chaleur doit être dimensionnée au plus juste avec une faible surpuissance par
rapport aux besoins énergétiques (de 10 % à 20 % maximum) et il est de ce fait
nécessaire d’effectuer l’estimation des déperditions thermiques de l’habitation
avec une meilleure approximation que dans le passé. Une chaudière au fioul peut
en effet fonctionner avec un facteur de marche réduit (temps de fonctionnement
du brûleur faible par rapport au temps d’arrêt de celui-ci) alors que la pompe
à chaleur doit au contraire dans la mesure du possible en continu. Elle était
arrêtée pour les besoins de la régulation avec les anciennes PAC avec un temps
du cycle qui ne devait pas être inférieur à 30 minutes (Par exemple deux
démarrages par heure avec un temps d'arrêt de 10 minutes) ce qui revient à dire
que le compresseur d’une pompe à chaleur devait fonctionner au moins un ¼
d’heure avant d’être arrêté. Ceci pour la raison qu’il faut un temps non
négligeable allant de plusieurs dizaines de secondes à quelques minutes dans le
cas des grosses pompes à chaleur ayant une quantité plus importante de fluide
caloporteur, pour que les pressions de fonctionnement s'établissent et que le
détendeur régule correctement le débit de réfrigérant. Pendant cette phase
transitoire, le COP était inférieur à celui du régime établi. Si le thermicien
prenait trop de marge, il pouvait en résulter un fonctionnement de la pompe à
chaleur avec des temps de marche trop courts préjudiciables à son rendement.
Maintenant le compresseur des pompes à chaleur fonctionne en permanence sans
période d’arrêt avec une puissance s’adaptant exactement au besoin. Dans l’état
actuel de la technique, cette solution permet
d'envisager une plage de puissance variable de 10 à 100%. Elle est réalisable
en utilisant des moteurs électriques à vitesse variable pour entraîner le
compresseur et éventuellement la pompe immergée de l'exhaure. Cette solution
présente l'avantage de supprimer les phases d'arrêt du compresseur et
d'améliorer en conséquence le rendement. Elle permet aussi dans une certaine
mesure de supprimer le ballon tampon
indispensable avec la régulation "on - off". Avec
l’ancien de régulation on-off, ce ballon tampon avait pour fonction d’augmenter
l’inertie thermique du circuit de chauffe et d’assurer un temps de
fonctionnement suffisamment long du compresseur. Moyennant l’adjonction de ce
ballon, on observait avec une pompe à chaleur correctement dimensionnée des
montées en température lentes, une régulation de la température aisée, et un
meilleur confort avec des dépassements de consignes faibles. Afin d’améliorer le rendement d’ensemble et compte tenu de
la difficulté d’isoler dans l’ancien « après coup », il pourrait être
souhaitable en cas d'hiver très froid de prévoir une relève de la PAC par le
gaz avec une chaufferie mixte gaz-pac.
Si la pompe à chaleur ne parvient pas à elle seule à chauffer
correctement l’immeuble et que la température ambiante plafonne par exemple
vers 17°C quand la température extérieure baisse, il convient de ne pas
confondre puissance et température :
· Soit cette pompe à chaleur n'est pas
assez puissante, ce qui ne lui permet pas d'atteindre une température d'eau
suffisante, dans ce cas, elle ne s'arrête jamais de fonctionner.
· Soit le débit d'eau dans le circuit de
chauffage est insuffisant, dans ce cas, la machine s'arrête régulièrement
et la température de départ du condenseur est maximale pour la raison que
les radiateurs ou les planchers chauffant, n'étant
pas correctement alimentés, n'arrivent pas à extraire la puissance fournie par
la pompe à chaleur. Autre possibilité, les radiateurs sont trop petits
et auraient besoin d'une température d'eau supérieure à celle que la pompe à
chaleur ne peut fournir dans de bonne condition de rendement.
2 Utilisation
Dans l’intérêt commun, des
comportements nouveaux pourraient être utilement recommandés par le conseil
syndical aux copropriétaires souvent ignorants des techniques nouvelles. Il est
en effet de l'intérêt de la copropriété de respecter certaines règles.
Ces nouveaux comportements n’affectent heureusement pas le mode de vie et le
confort des copropriétaires : D’une façon générale, et quel que soit le
mode de chauffage, la demande de chauffage d’un bâtiment est déterminée
principalement par son enveloppe, son volume, et son environnement. Cette
remarque est particulièrement importante dans le cas de la pompe sur nappe. Le
fait de ne pas chauffer certains appartements n’apporte aucun avantage. Cela
réagit même négativement sur la consommation et le comportement de la pompe à
chaleur. Si par exemple 50 % des copropriétaires sont absents et ferment les
robinets à l’entrée de leurs radiateurs cela ne conduit pas à diviser par deux
les frais de chauffage. Au contraire, les dépenses d’énergie pour la pompe à
chaleur vont augmenter pour la raison que les pertes thermiques du bâtiment
devront être couvertes avec la moitié de la surface de chauffe donc avec une
température d’eau dans les radiateurs plus élevée ce qui est préjudiciable au
rendement de la pompe à chaleur. De plus, en cas d’humidité dans un immeuble,
l’humidité du bâtiment passe des locaux chauffés vers ceux qui ne le sont pas.
La conséquence est la formation de moisissures sur les murs des pièces non
chauffées près des fenêtres.
Avec un COP optimisé de 6 l’énergie thermique délivrée dans les
pièces de vie par une pompe à chaleur aquathermique
est six fois moins onéreuse qu’un chauffage conventionnel au fioul ce qui rend
les dispositifs de comptage individuel déjà fortement controversé pour les
raisons qui précèdent encore plus inutiles. Les dépenses de combustible qui
représentent environ 30 % à 50 % des charges courantes d’une copropriété
seraient ainsi réduites drastiquement et distribuées plus équitablement. En ce
qui concerne l’individualisation des frais de chauffage, il est selon l’UNPI de
loin préférable de
baisser le prix de l’énergie que de la compter.
Pourtant contre toute attente et en dépit des écueils de cette
orientation voire de protestation d’association comme l’Union
Sociale pour l’Habitat, et les réserves de l’UNPI le parlement a pris la
décision en juillet 2016 de tenter d’individualiser les frais de chauffage. De
toute évidence nos parlementaires semble parfois
totalement déconnectés de la réalité du terrain.