Le dépollueur payeur ?
Tout ce travail préliminaire effectué par la Drire pour situer la pompe à chaleur sur nappe à la place qu'elle mérite dans le cadre de la production d'énergie renouvelable risque malheureusement d’être inutile pour la simple raison qu'un "détail" risque de stopper net les projets de tout maître d'œuvre consciencieux. Ce "détail" qui risque de tout compromettre est un projet de prélèvement de l'agence de l'eau basé sur le volume d'eau pompé et rejeté. Il est difficile d’imaginer un seul instant qu’un Maître d’œuvre responsable souhaitant installer une pompe à chaleur sur nappe puisse accepter de payer une telle pénalité financière. En effet, comment pourrait-il prendre une décision d’investissement s’il n’a une vue claire de la période d'amortissement de son investissement? On parle souvent du pollueur payeur et l'on commence – enfin - à en appliquer le principe. Quant au dépollueur, il est difficile d’envisager de le pénaliser financièrement alors qu’en toute logique il devrait au contraire être rémunéré! Au moment ou l’on s’accorde à dire que c’est uniquement la distribution de l’eau et son traitement éventuel qui est payante et non l’eau elle-même, ce prélèvement est d'autant plus inacceptable que le même volume d'eau est renvoyé dans le sous sol à une température plus froide, bénéfique en terme de dépollution et de régénération de notre sous-sol qui en a bien besoin. L’eau est de plus rejetée plus propre puisqu’elle a été filtrée par le circuit de la PAC. Le pire est que cette intention de facturation de l’eau au pompage et à la restitution est loin d'être négligeable. Tout calcul fait, les Lutins thermiques qui connaissent bien la loi de conservation de l'énergie ont déterminé que le besoin en eau d'une pompe à chaleur assurant le chauffage d’un appartement de 70 m² est sensiblement égal à 0,06 litre/seconde 1) .
Ils ont calculés que les frais d’exploitation annuel rien que pour la facturation sur l'eau pompée seraient pratiquement équivalent au coût de l’alimentation électrique du compresseur de la pompe à chaleur!
Et ceci sans compter le prélèvement financier au rejet qui viendrait encore alourdir la note !
La responsabilité environnementale s'impose désormais à tous et faire payer le pollueur semble justice.
Par contre, pénaliser financièrement le dépollueur sans lui en expliquer la raison sonne non seulement comme une grave injustice, cela présentent le grave inconvénient de condamner un système ayant l’avantage de préserver notre environnement.
La copropriété installant une pompe à chaleur pour le chauffage de son immeuble à défaut de toucher une redevance pour participation à la régénération de l’écosystème constitué par le sous-sol alluvionnaire de la rivière pourrait au moins ne pas être pénalisée injustement!
Conscient qu’il faut réparer les erreurs passées, le Maître d'ouvrage pourrait être favorable à une imposition concernant l'adjonction d'un filtre arrêtant les PCB sur le circuit exhaure-rejet sous réserve que les cartouches filtrantes soient payés par les pollueurs. Moyennant la surveillance de l'encrassement des cartouches, le Maître d'ouvrage s'engagerait auprès de la Région à ce que l'eau rejetée soit bien régénérée. Cette solution permettrait à la pompe à chaleur sur nappe d’aider la phytoremédiation 2) à régénérer plus activement notre sous sol superficiel qui en a bien besoin.
1) En supposant que les 2,1 millions de parisiens utilisent ce mode de chauffage cela correspond sensiblement à un débit global de 60 m3/s qui reste notablement inférieur au débit moyen de la Seine à Paris (300 m3/s) .
Lorsque l’on sait qu’ils consomment actuellement pour leur besoin journalier 260 litres d’eau froide/jour et par personne (soit un débit moyen de 6,3 m3/s), on s’aperçoit que les prélèvements humains sont faibles comparés à la circulation globale incluant le ruissellement souterrain (40%) et les écoulements de surface (60%).
2) Mot à l'étymologie venant à la fois du grec "phyto"qui signifie plante, et du latin "remédium" qui se rapporte au rétablissement de l'équilibre.
Depuis quelques siècles on a découvert les capacités épuratoires des plantes pour le traitement de l'eau superficielle contenue dans notre nappe phréatique.
(Diminution des taux en pesticide et en nitrate)