La rivière se sent tout d’un coup moins seule.

 

L’énergie de la mer :
un gisement potentiel gigantesque

et renouvelable !

 

Profitons du retard de l’éolien en France

pour développer l’hydrolien.

La production de l’énergie marine qui utilise l’effet des marées ou des vagues ou des courants, intéresse l’Europe. Les projets les plus aboutis et les plus ambitieux sont d’ailleurs européens. On peut aussi évoquer, ailleurs dans d’autres régions du monde l’utilisation de l’énergie thermique des mers (ETM) et ses dérivés, comme l’utilisation des eaux froides du fond, en cours d’étude dans la zone intertropicale. La climatisation par utilisation de ces eaux est déjà une réalité et, très bientôt, un hôtel de Bora Bora, en Polynésie française, va recourir à ce procédé.

Actuellement, la consommation énergétique de l’UE repose sur le pétrole à 41%, puis sur le gaz (23%), le charbon (15%), le nucléaire (15%) et les énergies renouvelables à hauteur de 6% seulement. La menace de changement climatique au niveau planétaire et les risques pesant sur la sécurité énergétique contraignent l’Europe à diversifier ses sources d’approvisionnement en faisant de plus en plus appel aux énergies renouvelables. Aujourd’hui l’UE veut faire passer la part des énergies renouvelables de 6% aujourd’hui à 12% d’ici à 2010. Ainsi, au titre du 6e programme-cadre de recherche (PC6 2003-2006), l’UE consacrera 810 millions € aux sources d’énergie renouvelable.

Dans ce contexte, des projets utilisant l’énergie provenant de la mer (courants, houle, marée) bénéficient déjà d’aides européennes, beaucoup d’autres devraient suivre. Les Britanniques, les Norvégiens, les Espagnols et les Portugais ont de l’avance dans ce domaine.

En France, qui a pourtant signé le protocole de Kyoto et s’est engagée à produire 21 % de son énergie sous forme renouvelable d’ici 2010, les obstacles à lever seront importants et l’exploitation "hydrolienne" ne peut réellement s’envisager avant 2010-2015.

La France représente le deuxième gisement hydrolien d’Europe, avec 6 GW, équivalant à 2 ou 3 centrales nucléaires, le potentiel est donc énorme. La compétitivité de cette énergie devra d’abord être démontrée, c’est à dire que les promoteurs devront avoir la garantie d’un retour assez rapide des lourds investissements qui seront nécessaires. Sur le plan technique, il sera nécessaire de trouver des solutions fiables aux risques importants de corrosion et de détériorations par la mer. La mer ne fait pas de cadeaux, elle fera le tri entre tous ces projets.

A ce propos, signalons qu’un appel à projets a été lancé en 2002 par le CNRS et l’Agence de développement pour la maîtrise de l’énergie (ADEME). Le Groupement pour les Energies Nouvelles Marines, GENMAR, a organisé le 5 octobre 2004 à Brest, une conférence sur les alternatives aux énergies fossiles et nucléaires. Toujours à Brest, lors du salon Sea Tech Week 2004-Semaine internationale des sciences & technologies de la mer 2004, organisé du 18 au 22 octobre, il a été prévu un débat sur ces nouvelles formes de production d’énergie.

 

Un potentiel énergétique immense

Le gisement d’énergie lié à l’utilisation de la marée représente un potentiel énergétique théorique impressionnant, il est estimé à

10 000 Méga Watt sur le plan national.

Comme toutes les énergies renouvelables, cette énergie est sans limite de consommation. Certains pensent même que la "houille bleue pourrait bientôt devenir la plus grande et la plus sûre des ressources d’énergie de la planète". L’intérêt majeur d’utiliser courants, marnage ou vagues, est qu’ils sont largement prévisibles car se répétant avec une constance calculable.

Concernant l’énergie provenant des vagues, on sait qu’elle est concentrée entre les latitudes 40° et 60°. En Europe, la côte nord-ouest depuis le Portugal jusqu’en Ecosse possède un potentiel énergétique parmi les plus élevés du monde. Il s’élève à 740 TWh/an (dont 12% facilement récupérables (source Systèmes Solaires N°84/85). Au Royaume Uni, on estime que 15% de la consommation d’électricité pourrait être fournie par l’énergie marine.

 

Le recours à l’énergie venant de la mer

n’est pas nouveau

Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’homme essaye d’utiliser l’énergie gratuite et renouvelable due à la houle et aux courants. Dès le 12ème siècle sont apparus dans des estuaires ou des rivières des "moulins à marée" à l’image des moulins à vent. Dans la rade de Brest, on trouvait ce genre de "moulins", nous le confirme François Pellennec dans son ouvrage "Au temps de la voile à Brest" . On y utilisait les variations de hauteur d’eau dues à la marée. L’eau, à marée haute, n’avait qu’une seule possibilité : s’engouffrer par un étroit conduit vers un réservoir (étang), créant une énergie suffisante pour mettre en rotation les pales de la turbine en bois et un ensemble de meules à granit. A marée basse, le réservoir restituait l’eau en faisant fonctionner le système à l’envers. En 1886, l’abbé Le Dantec avait imaginé les plans d’un "moteur à vagues". A ce propos visiter le site de solène Pleyber et Olivier Bersoux.

Mais ce n’est que, dans les années 70, que l’Agence Internationale d’Energie commence à s’intéresser à cette énergie. Un projet impliquant le Canada, les Etats Unis, le Japon et le Royaume Uni voit le jour. Il consiste en la réalisation d’une barge de 80 mètres de long appelé "Kaimi" , construite par le Centre de Sciences et de Thecnpologie Marines du Japon qui va permettre de mettre à l’essai jusqu’à 10 turbines à air différentes. Deux campagnes d’essai (1978/1979 et 1979/1980) eurent lieu consécutivement. Cette plate-forme aura une production maximale de 2 mégawatts, mais en dépit de résultats prometteurs, cette expérience internationale ne sera pas poursuivie.

Et puis, toujours en France, dans les Côtes d’Armor, avant le choix du "tout nucléaire" , fut construit de 1961 à 1966, le barrage de la Rance, seule usine marémotrice au monde produisant de l’électricité (240 mW)pour une ville telle que Rennes.

Profitant de marées parmi les plus importantes au monde : presque 14 mètres, le barrage produit annuellement 600.000.000 de Kwh. Mais l’usine n’a pas fait école. Son impact sur l’environnement, sur la Rance en particulier, a été néfaste (envasement..).
Manque de reconnaissance en France

Même si dans les années 70, l’IFREMER, à l’époque le CNEXO s’était intéressé aux énergies renouvelables marines - houle, marée et courants marins - ainsi qu’à l’énergie thermique des mers avec l’avant projet de centrale thermique de 5MW à Tahiti, on ne peut pas constater que notre pays est aujourd’hui à la traîne dans ce domaine.

L’utilisation de l’énergie provenant de la mer, de la houle et des courants est en manque de reconnaissance. Elle souffre notamment de ne pas avoir d’"expériences test" in-situ. Pourtant certains estiment que la France pourrait couvrir entre 5 et 10 % de ses besoins en électricité en utilisant l’énergie des marées.

Une absence qui s’explique par un manque de financements financements publics et privés, elle- même due au poids très important du nucléaire dans notre pays et, sur le plan des énergies renouvelables, à la concurrence de l’éolien en phase d’exploitation.

L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’energie) a bien engagé une étude, toujours en en cours, pour déterminer le potentiel de nos côtes aussi bien, en matière de éolien offshore que d’exploitations des courants et des vagues. le premier volet de l’étude (éolien offshore) sera rendu public décembre 2006, le second (courants et houles) ne le sera qu’au printemps 2007. En attendant les résultats de cette étude, les préfets ont eu la consigne de suspendre toute autorisation d’installation. Cet outil d’aide à la décision va-t-il permettre de débloquer la situation ? On peut en douter....

Ainsi, récemment, le très officiel rapport au parlement du Ministère de l’Economie et des Finances - "Programmation pluriannuelle des investissements de production électrique Période 2005-2015 " - fait même l’impasse sur les énergies marines !

Seul, le récent rapport (décembre 2006) du groupe intitulé « une ambition maritime pour la France » rapport Poséidon, issu du Centre d’analyse stratégique et du Secrétariat général de la mer, destiné à élaborer les éléments constitutifs d’une politique nationale de la mer, inclut un chapitre sur l’exploitation des énergies marines (éoliennes off shore, courants)....

 

Dans le reste de l’Europe,

la situation évolue nettement plus vite

A l’étranger, c’est en effet différent, différents projets ont déjà pu être réalisés en Grande Bretagne, notamment.

Il est vrai que dans ce pays, le gouvernement s’engage en faveur de l’énergie provenant de la mer. Depuis 1974, de nombreuses rercherches, souvent financées par le gouvernement, ont été menées dans différentes universités :

- système off-shore "Salter Duck" à l’université d’Edimbourg

- le "SEA Clam" à Coventry Polytechnic (près de Birmingham)

- colonne à oscillations (sytème on-shore) à l’Université de Belfast

Depuis 1999, vingt-neuf millions d’euros y ont été investis dans des programmes d’énergie marine et un fonds de 61 millions d’euros sur trois ans est prévu pour aider concrètement les projets innovants. La France qui finance très peu ses projets sur son propre territoire, investit au Royaume Uni. Ainsi, EDF finance Marine Current Turbines à 25 %, Total a investi 10% de capital à la société hydrolienne Scotrenewables Marine Power et l’Ifremer participe au projet britannique Orecon pour mettre au point un convertisseur de houle.

Un atlas des ressources de l’énergie marine au Royaume Uni a été réalisé et un Centre européen d’énergie maritime (EMEC) a été installé sur l’Ile d’Orkney dans l’archipel des Orcades (nord de l’Ecosse). Il permet notament aux entreprises de tester leurs prototypes.

C’est dans ce centre que la firme britannique Ocean Power Delivery a mis au point le convertisseur Pelamis.

Pelamis se compose de quatre cylindres reliés par des articulations qui abritent un sytème de pistons convertissant l’énergie des vagues en courant électrique. L’ensemble mesure 120 mètres de long et pèse 750 tonnes. Cette centrale "houlomotrice" peut produire 750 kilowatts par heure, soit la consommation de 500 foyers. Les promoteurs de Pelamis estiment que la facade ouest de l’Ecosse représente un "gisement énergétique de plus de 21 gigawatts, de quoi couvrir les besoins énergétiques de toute la région".

Un brevet britannique a été accordé à la compagnie australienne Woodshed Technologies pour un nouveau type de centrale marée motrice. Cette compagnie et deux autres compagnies australiennes, la Lloyd Energy Systems et la SMEC Developments, collaborent avec des entreprises de Grande-Bretagne pour sélectionner des sites potentiels pour l’implantation de centrales de ce type.

La technologie ( Woodshed’s Tidal Delay) utilise une formation naturelle telle qu’une péninsule ou un isthme pour séparer des masses d’eaux de mer en marées montantes et descendantes. Le système capture l’énergie qui résulte de la différence de niveau de l’eau de mer de chaque côté de la barrière.

En Grande Bretagne, toujours, en Ecosse cette fois-çi, en octobre 2000, l’Île d’Islay se dote du Limpet (ci-dessus) capable de fournir 500 kW. Sa turbine est activée en 2 temps par l’air que déplacent les vagues : d’abord lorsqu’il est chassé par les vagues montantes, ensuite lorsqu’il est aspiré par les vagues descendantes (voir çi-dessous une red valve et le schéma du Limpet).

Toujours en Grande Bretagne, signalons que le projet SeaGen (1 MW) de Marine Current Turbines Ltd (utilisant le courant de marée)est en fin de développement. EDF Energy, la filiale britannique d’EDF, y a investi 3 millions d’euros.

Ailleurs, au Japon on peut citer les "mighty whales" .

Enfin la société londonienne Tidalstream a mis au point une hydrolienne adaptée aux fonds profonds, c’est important parce que 90% des ressources des courants marins sont situées dans des eaux d’au moins 40 m de profondeur.

En Norvège,il existe une première hydrolienne de 20m de diamètre, au Danemark où existe le système("Wave Dragon"). Amarré au large et pesant 237 tonnes, "Wave Dragon" récupère l’énergie produite par les vagues "déferlantes". L’eau est initialement stockée dans un réservoir, puis circule à travers des turbines qui produisent de l’électricité.

Toujours dans le Nord de l’Europe, on peut évoquer le générateur à eau sous-marin inventé par l’ingénieur danois en génie civile Kim Nielsen. Le système est simple : un flotteur est attaché par un filin souple à u piston fixe dans un structure de béton sous-marine. Chaque vague entraîne le flotteur qui tire le piston. Ce mouvement de pompe (eau aspirée, puis rejetée) provoque un courant qui actionne la turbine d’un hydrogénérateur électrique. Ce système développé par la société "Flygt" est testé en 1989 à 1km au large du port de pêche de Hanstholm (Danemark). Une seconde unité (coût : 3,52 millions de francs)est achévé en 1992. Selon ses promoteurs, 3000 à 4000 convertisseurs de Nielsen pourraient à terme fournir 10 à 30% des besoins électriques du Danemark.

Mais c’est en Espagne que les choses évoluent le plus en ce moment. Iberdrola, la compagnie d’électricité espagnole en partenariat avec la filiale Americaine OPT (Ocean Power Technologies), a démarré la construction d’une usine pilote au large de Santona, petite bourgade a quelques kilomètres de Santander en Cantabrie. 10 bouées géantes de 16 mètres de long et 6 mètres de diamètre transformeront en courant électrique la force des vagues. Le succès de cette réalisation pourrait être rapidement suivi par la construction de plusieurs centrales du même type sur toute la côte Cantabrique et totaliser une puissance de 100 MW.

A noter que dans le pays voisin, le Portugal, existe aussi un projet bien avancé (car soutenu par le gouvernement) de ferme d’énergie des vagues.

 

Les projets en France sont concentrés dans le Finistère

Certains estiment le potentiel énergétique de la mer exploitable le long des côtes françaises de l’ordre de 5 à 6 gigawatts soit le second en Europe, après le Royaume Uni, estimé à 10 gigawatts, soit aussi 10 fois plus que le puissance éolienne française actuelle.

En France, s’il y a bien eu un concours sur l’utilisation de l’énergie des vagues en 1981, organisé par le CNEXO (ex-IFREMER et l’ANVAR - l’Agence nationale pour la valorisation de la recherche) qui avait distingué deux projets, parmi la vingtaine proposée :
- un dispositif producteur d’électricité pemettant de rendre autonome en énergie une bouée marine proposé par la "Société Stéphanoise hydromécanique et frottement"

- un dispositif flottant à déferlement présenté par M. Jean Liaud

Suite à cette distinction, ces deux inventions avaient été recompensées d’une "médaille de la recherche et de l’invention" au salon nautique international de Paris en 1982.

Deux autres dossiers n’avaient pas été primés mais avaient été retenus :
- un rotor à ailes planantes présenté par les A.C.M. (Ateliers et Chantiers de la Manche)
- un système de double bélier hydraulique présenté par M.Despujols.

Un houlomoteur hydropneumatique flottant présenté par M. Marcel Pillet n’avait pu concourir, ce qui a entrainé un long contentieux.

Les retombées concrètes de ce concours national semblent néanmmoins limitées, pour ne pas inexistantes, le désengagement de l’Etat étant bien réel. En 1996, un maître de conférences de l’Ecole Centrale de Nantes écrivait que depuis 10 ans son laboratoire de Mécanique des Fluides n’avait plus aucun financement pour les problèmes touchant à la récupération de l’énergie des vagues.

Près de 10 ans, les choses bougent... un peu. Aujourd’hui, dans notre pays, c’est en effet dans le Finistère, que sont concentrés les projets les plus avancés. La position géographique du département et surtout les compétences du Finistère dans le domaine des sciences de la mer, la présence de sites marins en mer littorale parcourus par des courants puissants (le Raz Blanchard, le Fromveur à Quessant et le Raz de Sein) en sont les principales raisons.

En France, à ce jour, aucun prototype ne fonctionne encore in situ, même si le "mammouth" EDF, a aussi, son programme de Recherche et Développement sur l’exploitation de l’énergie des courants de marée engagé depuis deux ans.

EDF s’est en effet associé à un projet britannique (pourquoi pas un projet français ?) de conception d’hydrolienne (un prototype expérimental a déjà été réalisé).

Par ailleurs, le programme d’EDF vise plusieurs objectifs techniques :
- identifier les sites prometteurs,
- réaliser les études d’impact et d’insertion dans l’environnement marin,
- caractériser les technologies d’hydroliennes les plus performantes.

D’ici l’été 2005, EDF veut évaluer les "profils hydroliens" de la Bretagne-Nord, en lancant une campagne de mesures au large du Finistère et des Côtes d’Armor.

Edf cherche des sites où les courants atteignent au moins 4 noeuds et où la profondeur est relativement importante. Peu de sites français répondent à ces nécessités ( le Raz Blanchard, Ouessant (le Fromveur et le nord ouest de l’île), chenal du Four, raz de Sein, roches de Portsall, goulet de Brest).

Un prototype EDF pourrait être construit ensuite dans les 2 ou 3 ans, probablement sur les côtes finistériennes. l’échéancier est prévu ainsi :
- identification des sites (2004-2005)
- tests techniques (modélisation, prototypes...) en (2006-2007)
- études de faisabilité et éventuellement réalisation (en 2010).

Déjà, au printemps 1979, un premier engin, de taille modeste (un prototype dont le rotor avait une aire de 7 m²) produisant de l’électricité à partir de la houle, fut testé dans le port de Doélan, en Bretagne. La hauteur de la houle étant de 80 centimètres, les expérimentateurs récupérèrent une puissance de 3 kW).

Et puis plus récemment, toujours dans le Finistère, apparurent des projets à vocation industrielle.

Tout d’abord celui proposé par une société quimpéroise, Hydrohelix Énergies créée en 2000, société quimpéroise, avec le recours aux hydrohéliennes. Des turbines géantes (hydrohéliennes appelées aussi hydroliennes) avec 6 pales, installées en série, utilisent la force des courants marins pour produire de l’énergie.

En 2005 des essais en bassin ont été concluants. L’hydrohélienne permet de récupérer l’énergie cynétique des courants de marée et de la transformer en énergie électrique. Pour ses promoteurs, ces machines respectent les écosystèmes et n’ont pas d’incidence sur la navigation, les structures étant totalement immergées (posées et fixées à même le sol).

Implanté à 20 à 40m de profondeur et dans une zone de courant de 4 noeuds minimum, pas trop loin des côtes, ( une centaine de sites potentiels recensés en France) chaque parc serait constitué de cinq hydroliennes de 15 à 20 m de diamètre. Ces dernières transformeraient l’énergie cinétique des courants en électricité qui serait acheminée, via des câbles, sur le continent et connectée au réseau national. Chaque hydrolienne produirait 200 kilowatt et fonctionnerait 3 000 heures par an.

Cette société a pris des contacts avec la mairie d’Ouessant car la mer d’Iroise connaît de redoutables courants dans le Fromveur. Cette société a aussi des projets de parc hydrolien à Clohars-Fouesnant, Ile de Sein, Plogoff, Roscanvel (dans le Finistère) mais aussi à la Hague.

Selon les responsables d’HydroHélix, la France métropolitaine dispose d’un potentiel de 6 gigawatts répartis entre trois principaux secteurs constitués par le Raz Blanchard, le Fromveur à Quessant et le Raz de Sein. En tout, sur les trois sites, cela représenterait 5000 turbines de 16 mètres capables de produire, en courant continu, l’équivalent de trois centrales nucléaires. Hydrohélix estime le marché français potentiel de l’ordre de 1,5 milliard d’euros par an et les besoins internationaux de l’ordre de 14 milliards par an (cf le journal Le Marin du 15 mars 2007).

La société a réuni autour d’elle un réseau de partenariat avec des entreprises locales regroupés dans le projet "Marénergie" [1]

Elle a le soutien de l’ADEME (Agence de maîtrise de l’Energie)

Le projet "Marénergie" , qui consiste à la construction d’une centrale hydrolienne de 1 MW sur les côtes bretonnes, a été labellisé en décembre 2005, par le "pôle de compétitivité Mer" de la région Bretagne.

3 millions d’euros sont nécessaires pour construire une première centrale-test, une première hydrolienne d’une puissance de 200 kW, en 2008, en Bretagne. Le budget global de l’opération (quatre autres machines devraient suivre, portant la production à 1 mégawatt), d’ici 2 ans, a été évalué à 10 millions d’euros. Les 150 000 € versés par L’ADEME sont donc bien loin de suffire.

Ainsi, malgré sa labellisation, "Marénergie" peine à trouver les fonds nécessaires qui lui manquent et la fabrication du prototype hydrolien de 200 KW de la société Hydrohelix est actuellement arrêtée. Marénergie ne pourra réaliser qu’une première turbine expérimental de 10kw le long des côtes bretonnes, dans un site déjà choisi mais encore tenu secret. Elle devrait fonctionner à la fin de l’été 2007.

Il y a aussi le projet porté par la société brestoise "Hydrocap Energy" . Il s’agit d’exploiter avec des houlomoteurs la force de la houle. Le principe est simple : des barges flottantes récupèrent à travers leur ancrage tendu sur le fond (grace au principe de la poussée d’Archimède) une énergie actionnant une turbine hydraulique, susceptible elle-même d’alimenter une génératrice d’électricité.

Ce projet n’a pas, non plus, encore trouvé de financement.

Citons enfin le projet Hydro-Gen, inventé et breveté par deux anciens officiers de marine, ingénieurs de l’Ecole Navale, passionnés de technologie maritime.

Il diffère des autres projets puisqu’il promeut le principe de la roue à aube.

Ce projet fait appel à plusieurs partenaires : l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Brest (L’ENIB) pour l’élaboration des plans et de la structure, le lycée technique Vauban de Brest pour la réalisation d’un prototype opérationnel. Il est soutenu par l’ADEME (l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie). Les porteurs de projet se sont associés en 2006 avec la socité d’océanographie brestoise Actimar qui est chargée pour le projet Hydro-Gen de la recherches de sites, des études d’impact et des demandes de concessions (le site de Plouhinec sur la rivière d’Etel dans le Morbihan est pressenti pour un essai in situ sur 2 ans).


Ce projet très peu financé (des fonds propres uniquement) a réussi cependant à produire du courant électrique, lors d’une campagne d’essais, sur une première machine expérimentale, en septembre 2006.


Tous les projets français ne sont cependant pas concentrés dans le Finistère ; le laboratoire de mécanique des fluides à l’école Centrale de Nantes, met au point un procédé produisant de l’électricité à partir des mouvements de houle maritime : le « Searev » pour « système électrique autonome de récupération de l’énergie des vagues».

Le premier vrai prototype, grandeur réelle, sera mis à l’eau en 2009. Searev est financé par l’Agence de l’innovation industrielle et soutenu par par

* le Ministère de la Recherche et des Nouvelles Technologies
* le CNRS
* l’ADEME
* la Région Pays de la Loire

Le "Searev" se présente comme un semi-submersible muni dans sa « quille » d’une roue pendulaire de 400 tonnes. Chaque oscillation provoquée par la houle actionne une pompe à huile. Le fluide stocké sous pression fait fonctionner un générateur.

Si le principe n’est pas nouveau, le système sera très moderne car entièrement informatisé. Un logiciel analyse chaque vague et pilote la machine en temps réel. Il retient le pendule un bref instant pour lui donner le plus d’amplitude possible et augmenter la puissance.

La production attendue de chaque machine Searev est d’environ 500 kW.

Les porteurs de projet se regroupent au sein du Groupement pour les énergies marines (Genmar)

Une dizaine de ces porteurs de projet se sont réunis, en 2004, au sein d’un Groupement pour les énergies marines (Genmar).

Ils se tournent vers les pouvoirs publics, estimant que seul un financement public permettra un véritable démarrage du secteur. Ils demandent qu’un budget de 50 millions d’euros soit réservé aux PME-PMI impliquées dans les technologies nouvelles exploitant les ressources énergétiques renouvelables de la mer.

Ils s’adressent en particulier aux nouveaux élus du conseil régional de Bretagne, en faisant valoir que cette énergie venue de la mer constitue une chance de développement pour la Bretagne.

Pour eux, l’investissement est rentable et productif : pour un investissement de 1 €uro par Watt installé, avec un amortissement en 7 ans, le coût de revient du kWh électrique est de 3,5c €uros (prix équivalent au kilowtt nucléaire) pour un prix de rachat garanti de 5,61c €uros.

Ils font remarquer qu’hormis le barrage de la Rance, la Bretagne ne possède aucune centrale électrique (thermique ou nucléaire) sur son territoire et que notre région ne peut dépendre des autres régions pour subvenir à ces besoins énergétiques. Ils estiment par ailleurs qu’il y a, là, matière à créer de l’emploi local à la fois pour réaliser ces nouvelles machines et pour les maintenir en état.

Ainsi, la société quimpéroise HydroHélix Energies fait valoir "que le déploiement en Bretagne et en Normandie de 6000 turbines présente une opportunité de créer 5000 emplois directs en France, pour un marché de 6 milliards d’euros"

Bien mesurer d’abord l’impact sur le milieu marin

Il n’en reste pas moins que, comme les éoliennes qui ont un un impact sur les paysages, ces machines hydrohéliennes ou houlomoteurs auront un impact sur le milieu marin. Tous ceux et celles qui se sentent concerné-e-s par la protection de la nature, aimeraient, sans aucun doute, être en capacité de mesurer les conséquences environnementales de telles implantations avant de s’engager à soutenir le développement ce cette filière. Après tout, la construction de l’usine marémotrice du barrage de la Rance a malheureusement profondément modifié l’état de l’estuaire et est en grande partie responsable de l’envasement de la Rance maritime.

Des expérimentations, des études d’impact, poussées, sont donc, sans aucun doute, nécessaires.

Souhaitons que les pouvoirs publics (état et région) entendent l’appel à l’aide des promoteurs de ces projets et que des éléments de réponse soient apportées rapidement aux questions légitimes de la population, car les inquiétudes existent.

Outre les aspects environnementaux, des conflits d’usage de la mer verront immanquablement le jour (les pêcheurs en particulier feront savoir qu’ils ne veulent pas être contraints par cette nouvelle technologie).

L’implantation en mer sur un domaine maritime public fréquenté par de nombreux usagers (pêcheurs professionnels et amateurs, Marine nationale, plaisance,...) implique un zonage par l’Etat.

Un avenir en pointillé

Si les projets se multiplient, si l’intérêt de l’opinion publique est réel, l’avenir de l’énergie marine, du moins en France, ne s’écrit encore qu’en pointillé, il navigue dans le brouillard.

Pour Hervé Majastre, le patron de d’Hydrohélix, (Ouest France du 28 février 2006) : "le seul client possible, c’est l’Etat, on ne trouvera de financeurs que si l’Etat s’engage", en ajoutant "notre projet est connu de plusieurs ministères mais on ne sait pas vraiment qui est le chef d’orchestre"

Le journaliste Hervé Morin, dans un récent article du Monde, fait remarquer, à juste titre, qu’"entre le prototype de laboratoire et l’engin commercialisable, il faut multiplier l’investissement par cent". L’investissement nécessaire peut donc s’avérer considérable, et, aujourd’hui, en France, il ne remplit pas les conditions minimum de rentablité, les tarifs de rachat n’étant pas assez élevés.

D’autant que l’Etat montre très peu d’empressement (un euphémisme) à soutenir cette énergie renouvelable. Un signe qui ne trompe pas : le dernier et très officiel rapport 2006 de Programmation Pluriannuelle (période 2005-2015) des Investissements de production électrique fait l’impasse sur cette énergie [2].... 

Contacts :

HYDROHELIX ENERGIES
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- Tél. 02 98 10 12 35 - Fax. 02 98 10 11 54
- Email : hydrohelix-energies@wanadoo.fr
- site :
http://www.hydrohelix.fr

HYDROCAP ENERGY SAS
Technopôle Brest-Iroise - Place Nicolas Copernic 29280 Plouzané
- Tél. +33 (0)2 98 45 74 91 - Fax +33 (0)2 98 45 77 84
- E-mail : info@hydrocap.com

HYDRO-GEN
David et Bénédicte Adrian
Projet Hydro-Gen
- http://www.hydro-gen.fr/
- Tél. 04 78 24 76 55
- E-mail : contact@hydro-gen.fr

SEAVEV
- E-mail : Alain.Clement@ec-nantes.fr
- Tél : +33 240 37 25 26
- Fax :
+33 240 37 25 23