Notre immeuble actuellement

 

L'immeuble pour lequel ce projet de rénovation thermique a été élaboré est situé dans le quartier des années 30 à Boulogne Billancourt en banlieue parisienne. Il a été construit en 1968 et a été assez bien isolé thermiquement pour l’époque et il a une structure solide mais il a 40 ans et il prend de plus en plus de retard par rapport aux normes relatives aux constructions neuves qui deviennent, dans l’intérêt de chacun de plus en plus contraignantes

Les besoins, les modes de vie et son environnement ont évolués. La durée de vie d'un immeuble est de l'ordre de 300 ans pour une durée d'acquisition voisine de 20 ans. Les garanties sur gros travaux sont souvent de 10 ans, durée sensiblement égale à l’espérance de vie d’une voiture alors que celle d’une chaudière est voisine de 30 ans. Deux grosses vieilles chaudières à fioul Chappée identiques de 400 kW chacune bien entretenues assure le chauffage et fournissent l'eau du sanitaire en instantané. Le mauvais rendement de notre dispositif de chauffage actuel tient à un encrassement avancé de l’échangeur tubulaire délivrant l’eau chaude sanitaire, à la mauvaise isolation de nos tuyauteries ainsi qu’au mauvais rendement des chaudières au fioul de l’époque (Voisin de 65% avant 1970 en partie en raison du surdimensionnement). Il y a parfois de grossières erreurs d’isolation (tuyauteries d’eau chaude et froide sanitaire dans la même gaine isolante !), de plus, les tuyauteries sanitaires ne sont pas toujours isolées à l’emplacement des coudes et des T dans les caves. Enfin, dans les gaines verticales ce sont les tuyauteries d’eau froides sanitaires qui ont été isolées au lieu des tuyauteries d’eau chaude ! Ces lacunes concernant l’isolation est la principale cause expliquant la consommation déraisonnable de fioul pendant les périodes chaudes de l’année. Nous avons eu beaucoup de difficultés à évaluer la répartition de la consommation entre le chauffage et le sanitaire mais nous savons qu’une quantité beaucoup trop importante de fioul sert à produire l'eau chaude du sanitaire et le rendement tout juste correct en hiver, est déplorable pendant la saison chaude alors que les chaudières ne produisent pendant cette période que l’eau chaude du sanitaire. Les chaudières sont alimentées en fioul par un réservoir de 30 m3 enterré dans notre jardin et à simple paroi. Cette cuve n’est pas conforme aux normes existantes qui imposent des cuves à double parois. Nous consommions bon an, mal an 150 m3 de fioul par an quantité réduite maintenant à environ 120 m3 (Les dépenses annuelles d’achat fioul ont été de 90 000 en 2005/2006 soit la moitié de notre budget courant. En raison de la fiscalité croissante sur les produits fossiles ce pourcentage ne peut qu'augmenter. Ce n’est pas le fait de fermer nos volets la nuit qui réduira de façon significative notre consommation de fioul.

 

 

Politique d'entretien de l'immeuble

 

Pendant les 10 premières années, la façade de l'immeuble dont il est question s'est fissurée pour des raisons inconnues et il n'a malheureusement pas été possible de faire intervenir la garantie décennale. Il a fallu ensuite changer la chaudière, mais par la suite l'échéance de travaux de plus en plus nombreux et importants, voire urgents, ont été progressivement repoussés saufs ceux imposés par la réglementation. Réaliser les travaux tardivement, dans la précipitation et l'urgence augmentent les charges de la copropriété. Dans ce cas aucune politique n'est à mettre en place, cependant la politique qui consiste à penser que le long terme est une succession de courts termes est une mauvaise politique budgétaire pour une copropriété. Cette politique du coup par coup dégrade lentement le bien. Une autre politique consiste à coordonner les travaux pour obtenir un résultat consensuel qui valorise l'immeuble. Pour cela il faut établir ses besoins, planifier la réalisation et appliquer le plan qui en résultera.

 

Les deux politiques de réhabilitation

 

En 1968 lors de la construction de l'immeuble dont il est question, celui-ci avait un certain niveau de standing. L'outrage des ans lui fait perdre progressivement son niveau.  Il y a deux possibilités:

1.     Rénover à l'identique. Par exemple: réparation de la façade à l'identique, nettoyage de la ventilation etc.

2.     Rénover pour obtenir un niveau réactualisé de standing et de normes pour avoir les avantages fiscaux. Par exemple: restauration à l'aspect identique de la façade mais avec isolation sous forme d'une vêture, pose de fenêtres double vitrage, isolation renforcée des toitures, pose éventuelle d'une VMC sur la ventilation en complément du nettoyage, mise en place éventuelle d'une chaufferie moderne à base d'ENR etc..

 

Il y a donc un dilemme;

« 1 », espérer dépenser moins sans aides et sans emprunt avec une politique à court terme ou bien :

« 2 », dépenser plus au départ avec une aide conséquente et en empruntant à un taux raisonnable de 5%,

 

Dans l'hypothèse 1 nous aurons un immeuble de 1968, dans l'hypothèse 2 un immeuble de 1968 rénové par exemple selon le label HPE rénovation 2009 voire un objectif plus ambitieux se rapprochant des bâtiments basse consommation. La valeur de l'immeuble n'est pas la même dans les deux cas mais la valorisation du patrimoine est pour l'instant difficile à évaluer. La réglementation devrait prochainement imposer en complément du livret de chauffage, la mise en place d’un diagnostic de performance énergétique collectif adapté aux copropriétés ce qui va changer la donne et valoriser les immeubles ayant fait l’effort de s’adapter aux nouvelles recommandations.

Pour un investissement important, le consensus dans l'hypothèse 2 est très difficile à trouver. Il y a heureusement plusieurs niveaux d’isolation intermédiaires. Si l'on prévoit un "bouquet de travaux" avec isolation renforcée et adoption d'une chaufferie mixant le gaz naturel et une pompe à chaleur en relève voire même en substitution du type pompe à chaleur aquathermique générant des ENR l’investissement peut atteindre 2, 5 Md'€ 

Les aides associées à cette dernière solution permettant de financer son surcoût par rapport à la solution tout gaz vont diminuer  progressivement au fur et à mesure que ces rénovations vont se développer.

Pour respecter la réglementation thermique dans l’existant qui vise à encadrer les réhabilitations thermiques lourdes pour des surfaces d’immeubles supérieure à 1000 m²,  le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) va même jusqu’à évoquer un coût global d’investissement pouvant aller jusqu’à 25% de la valeur du bâtiment, soit un investissement deux à trois fois supérieur à la plus importante des deux valeurs ci-dessus (6 Md'€), compte tenu du prix moyen du m² dans la proche banlieue parisienne. Le retour économique est alors démesurément long et ne peut avoir de signification que si les travaux permettent d’éviter la démolition du bâtiment pour des raisons sanitaires. Il n’est plus question ici d’éviter une décote importante en cas de revente. La logique du "bouquet de travaux" ne sera véritablement adoptée que lorsque le retour économique sera acceptable pour la copropriété avec une aide fiscale raisonnable permettant de ne pas affecter le pouvoir d’achat de ses occupants. Mais l’état risque aura-t-il les moyens de ses ambitions ?