UFC Que Choisir épingle l’incompétence

des artisans labellisés « RGE »


Chez les consommateurs, les litiges et la défiance montent. Travaux peu judicieux et mal exécutés, prix exorbitants, économies d'énergie insuffisantes... La dernière enquête d'UFC Que Choisir dresse un bilan noir de la rénovation énergétique. Parmi les consommateurs, la grogne monte. «On assiste depuis un certain temps à une explosion des litiges dans la rénovation, qui semble prendre le relais de la téléphonie et des fournisseurs d'internet », note le président d'UFC Que Choisir, Alain Bazot. La précédente enquête de l'association sur les professionnels ayant le label national « reconnus garants de l'environnement » (RGE) datait de 2014. A l'époque, un seul sur 23 professionnels testés avait préconisé des travaux permettant d'améliorer réellement la performance énergétique du logement. Depuis, "la loi sur la transition énergétique et la croissante verte"  votée en 2015 a entraîné une régression des droits des consommateurs, en fixant une obligation de moyens mais pas d'obligation de résultat », dénonce le président de l'UFC.


Prix exorbitants

L'association a testé les professionnels RGE sur dix maisons à rénover, partout en France, et fait faire une contre-expertise par le cabinet d'ingénierie Enertec,  qui a également jugé les prix des devis. Bilan : seuls 9 % des professionnels RGE ont inspecté correctement le logement et aucun n'a fait de préconisations de travaux pertinentes, leur priorité allant à ceux étant leur propre spécialité. 97 % des devis étaient non conformes à la loi en termes de présentation et d'informations y figurant, « ce qui peut priver les consommateurs des aides publiques », prévient l'UFC. Plus alarmant, 71 % des devis ne mentionnaient pas le nom de la compagnie d'assurance du professionnel... Les prix, eux, se sont révélés disparates et très supérieurs à ceux des artisans les plus efficaces (120 % à 175 % de surcoût pour l'isolation des combles par exemple). Pourquoi une telle déroute ? L’association pointe du doigt l'absence de formation sérieuse (la formation RGE des artisans ne dure que trois jours et ne labellise pas la personne formée mais l'ensemble de son entreprise), l'incapacité des artisans à se coordonner entre les différents corps de métier et l'absence d'obligation de résultat. Des travaux mal réalisés ne sont ainsi pas sanctionnés.

La conséquence immédiate est de mettre en difficulté les ménages ayant financé à crédit des travaux mal réalisés. « On voit pointer la rénovation dans les causes de sur-endettement », prévient Alain Bazot. Par ailleurs, il sera dur d'atteindre les objectifs d'économie d'énergie fixés par la loi. Déjà, « de 2009 à 2014, la consommation d'énergie a baissé de 12% soit -2,5% par an or pour atteindre l'objectif 2020 du Grenelle de l'Environnement, la consommation doit baisser de 4,3 % par an », souligne l'UFC. Les aides publiques ratent leur cible. Ainsi, le premier poste de travaux sont les fenêtres alors qu'elles ne sont à l'origine que de 13% des déperditions thermiques des logements.


Modèle Allemand

L'UFC compte donc imposer le sujet de la rénovation énergétique dans la campagne présidentielle, afin d'obtenir une réforme du système et lorgne avec envie sur l'Allemagne, où les aides ne sont pas liées à une obligation de moyen (pas de liste limitative d'équipements éligibles aux aides, par exemple) mais à une performance énergétique effectivement atteinte. Entre autres demandes, « il faut une obligation de résultat des professionnels, martèle Alain Bazot. Il faut aussi créer des « chefs d'orchestre » dûment formés accompagnant le consommateur sur tout le processus de rénovation, comme en Allemagne, qui a créé 7.000 experts en peu de temps». Par exemple en développant une filière d'architectes énergéticiens. Ceci en responsabilisant les sociétés de crédit partenaires des artisans, pour éviter le surendettement. Si l'on comprend bien, en Allemagne, l'aide n'est apportée que si la performance est atteinte. Très bien pour les finances publiques ! Mais dans le cas contraire, qui rembourse au client sa naïveté ?